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mercredi 24 août 2011

MONARCHIES...... LES 13 ROYAUTÉS ...... L'ALLIANCE CONTRE L'HUMANITÉ

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Le roi Georges II de Grèce, le prince Georges de Grèce, les fiancés, la reine mère Hélène de Roumanie et le roi Paul de Grèce


Le prince Aymon était le second fils du duc Emmanuel-Philibert de Savoie-Aoste et il était le petit-fils d'Amédée Ier de Savoie, qui régna brièvement en Espagne. Aymon est né à Turin le 9 mars 1900 et c'est en qualité de second des ducs qu'il reçut en 1904 le titre de duc de Spolète des mains de son oncle le roi d'Italie. A quinze ans il était déjà cadet à l'Académie navale de Livourne et faisait carrière dans la marine en tant que sous-lieutenant.


A 16 ans il prit part à la Première Guerre mondiale comme chef de la 4ème division de la marine italienne. Par la suite, en 1936, il pointa la nécessité pour l'Italie de développer ses activités navales, et il conçut un type d'embarcation capable d'attaquer les navires ennemis. Mais la qualité la plus avantageuse chez Aymon était son physique - grand, mince, sportif accompli - il se détachait par son apparence des autres princes de la maison de Savoie, ce qui lui valut rapidement une grande popularité. Bob, comme on l'appelait en famille, était un ami intime de la princesse héritière Marie-José.

Cependant pour le comte Ciano, le gendre de Mussolini, le prince n'était qu'un jeune écervelé qui jusqu'à la fin des années vingt avait passé sa vie en s'abandonnant aux plaisirs les plus ordinaires de l'aristocratie tout en restant en marge de la vie publique. Toutefois, s'il est vrai que le prince était aventureux et ambitieux, il n'en était pas moins lucide et intelligent, comme son comportement durant la Deuxième Guerre mondiale l'avait révélé. Etant donné son grand intérêt pour les femmes, on raconte que lorsqu'on l'envoya chercher quelques années plus tard afin de lui offrir la couronne de Croatie, il fallut 24 heures avant qu'on ne mette la main dessus parce qu'il était caché dans un hôtel de Milan en compagnie d'une demoiselle et au parfait insu de son épouse.

Irène et Aymon s'installèrent à Florence dans la jolie Villa della Cisterna que le duc avait hérité de sa grand-mère paternelle, Marie Victoire dal Pozzo della Cisterna, épouse d'Amédée de Savoie, éphémère roi d'Espagne. Cela permettait à son épouse de rester en contact permanent avec sa soeur la reine de Roumanie, toutes deux observant avec inquiétude comment l'Europe commençait à se précipiter sur le chemin de la guerre. Le début des hostilités et l'invasion de la Grèce par l'Italie mirent Irène dans une situation particulièrement délicate, qui par moment semblait intenable, malgré son engagement dans la Croix Rouge comme infirmière. En revanche, par le truchement des ambitions expansionnistes de Mussolini, la guerre fit en sorte de placer son époux au premier plan de la scène internationale. En dépit de la rivalité continuelle entre les Aoste et le petit roi Victor-Emmanuel qui était leur cousin, Berlin et Rome avaient grand intérêt à ce que soit constitué un état satellite en Croatie, et ils proposèrent à Aymon et Irène de devenir les futurs roi et reine de ce royaume d'opérette soumis au dictat de Berlin.


Comment ces rois et princesses mettent les Élus en place .....

En 1941, une délégation croate dirigée par le nationaliste Ante Pavelić se présenta officiellement en Italie pour offrir à Aymon cette couronne pour laquelle on l'avait choisi sans presque le consulter. Une cérémonie de couronnement lui fut préparée dans la ville de Zagreb. Toutefois rien de tout cela n'allait avoir lieu, car le couple n'allait jamais mettre les pieds dans le pays. Le roi ne semblait nullement intéressé par son nouveau trône, chose qui pour Mussolini qui le qualifiait de borné, paraissait aberrante. Le comte Ciano écrivit : "Le comportement de ce jeune est réellement absurde. Il y a quelques nuits, étant dans un club nocturne près de la Piazza Colona, il s'est coiffé d'une nappe de table en guise de couronne parmi les applaudissements des garçons et du propriétaire du local. Le propriétaire, un certain Ascensio, qui partage son temps entre la cuisine et la prison, est son meilleur ami. Jolie figure pour un roi."

De son côté, la reine Hélène de Roumanie, soeur d'Irène, se rappelle sur un ton plus sérieux : "Je ne me suis que trop bien rendue compte de tous les dangers de ces propositions. Par hasard nous avions eu une délégation de Croatie invitée à manger ces mêmes jours où avaient lieu les préparatifs à Rome pour qu'Aymon et Irène soient couronnés dans la capitale du nouvel Etat. Un membre de cette délégation me dit : "Dites à votre soeur que si elle et son mari attachent une importance à leurs vies ils ne doivent sous aucun prétexte accepter cette situation. S'ils le font, le pays se chargera de se débarrasser d'eux". Je ne peux décrire mes sentiments à l'écoute de cet avertissement, en particulier parce que je savais très bien combien ma soeur et son mari étaient opposés à cette idée."

D'un autre côté, le duc d'Aoste, frère d'Aymon, s'opposait également à cette aventures en disant : "C'est une grave erreur. On ne peut imaginer devenir roi d'un peuple dont on ignore tout ; la langue, les coutumes, les habitudes, l'histoire". Pour sa part, le fameux écrivain italien Indro Montanelli, qui enterviewa Aymon à Trieste en 1941, raconte comment celui-ci, sur un ton très décontracté lui fit part de son manque total d'intérêt pour cette couronne que l'on voulait lui offrir. Entre temps, Irène s'était employée à servir d'infirmière de la Croix Rouge, allant même jusqu'à voyager en Russie.

Rapidement il apparut que le projet croate s'était dissolu, au plus grand soulagement des rois si peu intéressés. Le 11 août 1941 le journal The Times écrivait "Il (Aymon) ne donne aucun signe de quitter l'Italie et sa non apparition a beaucoup contribué à la désillusion. Au début les formalistes romantiques se montraient occupés à préparer des décrets sur des sujets tels que le nombre précis de pierres précieuses que devait porter la couronne et la création de brillants ordres de cavalerie et de noblesse, mais les gangsters sont ceux qui sont au contrôle et ils ne sont pas intéressés par la quincaillerie."
Au printemps 1942, la propagande italienne promit l'union entre la Croatie et la Hongrie sous le règne de Tomislav II, toutefois un projet si farfelu prit fin en septembre de l'année suivante lorsque l'Italie se rendit aux alliés. A ce moment-là, Aymon, qui n'avait jamais nourri aucune sympathie pour Mussolini, avait signalé au gouvernement anglais qu'il était disposé à se placer à la tête d'un mouvement qui renverserait le fascisme. Ensuite, lorsque les Allemands occupèrent l'Italie, le duc se réfugia en zone alliée, mais Irène fut capturée en territoire sous contrôle allemand et assignée à résidence. Cette même année naquit son fils unique, Amédée.

Au moment de la signature de l'armistice entre l'Italie et les alliés, le duc de Spolète se plaça au côté du roi italien, tandis que son épouse et son fils étaient confinés sur ordre des Allemands à Sartirana, tout près de Pavie et plus tard à Hirschegg, en Allemagne, où ils restèrent pendant dix mois dans des conditions très précaires. En mai 1945 ils furent enfin libérés et envoyés à Kretzlingen, d'où ils purent passer en Suisse puis de là en Italie. La mère et le fils demeurèrent dans leur maison de Florence jusqu'à ce que, en juin 1946, la chute de la monarchie italienne ne les oblige à repartir pour la Suisse. Entre temps Aymon avait repris de son frère le titre de duc d'Aoste et, sans guère de nouvelles de sa femme et de son fils, il partit pour l'Argentine en vue de recommencer une nouvelle vie en Amérique. Son fils, l'actuel duc d'Aoste, raconte : "Il espérait pouvoir refaire sa vie là-bas comme un homme d'affaires, mais je ne crois pas qu'il avait le caractère nécessaire pour cela. Il était déjà mort de l'intérieur depuis qu'il avait été obligé d'abandonner sa charge dans la marine. Il avait l'habitude de nous écrire fréquemment, car il ne nous appelait pas par téléphone étant donné qu'il était excessivement cher. Il se soumit à une opération de la vésicule et ma mère et moi reçumes une lettre dans laquelle il nous assurait que tout allait bien et qu'elle pouvait commencer à préparer les valises, parce qu'il nous enverrait l'argent nécessaire pour que nous puissions payer les billets et se joindre à lui. Ce même jour ma mère entendit à la BBC que son mari était mort. C'était le 23 janvier 1948. Nous l'enterrâmes au cimetière de la Recoleta, à Buenos Aires. Nous n'allâmes pas à l'enterrement. Nous n'avions pas d'argent. La République italienne nous avait tout confisqué et nous vivions à Davos, en Suisse, dans une chambre louée où ma mère cuisinait. Pauvre papa, jamais il ne fut un homme de chance. Moi, je ne l'ai quasiment pas connu et ma mère, entre la guerre, la prison et l'Argentine, c'est à peine si elle a pu le voir pendant leurs huit ans de mariage."

Aujourd'hui encore nombre d'Italien pensent qu'avec Aymon de Savoie aurait pu être remporté le référendum qui mit fin à la monarchie italienne.

Après avoir été ensevelie au cimetière de la Recoleta, la dépouille mortelle du duc fut transféré dans l'église des Italiens, Mater Misericordie, dans la ville de Buenos Aires, où chaque année à la date de son décès était célébrée une messe en présence de la communauté italienne. Cela jusqu'en 1973 lorsqu'elle fut transféré en Italie où on lui offrit une sépulture au cimetière de Il Borro, propriété de son fils le duc Amadeo.

Seule en Suisse, il fallut à l'épouse rapidement devenue veuve reconstruire sa vie. Au printemps 1947, c'est là qu'elle reçut la visite de sa soeur Hélène, également exilée de Roumanie, qui put constater comment les rigueurs et la peur éprouvées dans la prison de Bavière avaient ébranlé Irène.
C'est alors que la mère et le fils obtinrent enfin l'autorisation nécessaire pour rentrer en Italie, où ils découvrirent que leur maison de Florence avait été détruite. Grandement démunie et avec un petit enfant à élever, la princesse dut faire face aux difficultés du moment, si nombreuses. Peu auparavant, en juin 1946, le gouvernement britannique lui avait interdit l'entrée au Royaume-Uni, mais grâce à l'intervention du roi George VI, au travers de son secrétaire privé sir Alan Lascelles, elle put finalement assister au mariage de son cousin Philippe de Grèce avec la princesse Elisabeth d'Angleterre, en novembre de l'année suivante.

On l'empêcha néanmoins d'avoir accès à ses fonds au National Provisional Foreign Bank de Londres, dés lors où elle était toujours considérée comme "un ennemi national". Avec le temps la République d'Italie restitua aux Aoste leurs biens privés, et son fils unique, le duc Amédée, parvint à restaurer le domaine familial.

Après autant d'épreuves la princesse s'établit à Fiesole, tout près de Florence, dans la Villa San Doménico, juste à côté de la Villa Sparta de sa soeur Hélène, avec laquelle elle partagea pendant des années le plus clair de son temps. Par ailleurs, avec la restauration de la monarchie en Grèce les deux soeurs prirent l'habitute de rendre des visites fréquentes à la cour d'Athènes, où elles étaient toujours bien reçues par le roi Paul et sa famille.
Elles étaient également bien accueillies à la cour d'Angleterre, où elles pouvaient visiter leur soeur cadette la princesse Catherine. En 1962 elles prirent part ensemble au cortège nuptial de don Juan Carlos et de doña Sofia, car toutes deux comptaient parmi les tantes préférées de la reine d'Espagne. En 1966 la reine s'employa dans l'anonymat à aider les victimes des inondations qui eurent lieu à Florence et elle fut déclarée citoyenne d'honneur de la ville. Elle est décédée à Fiesole le 15 avril 1974, après avoir assisté une fois de plus à la chute de la monarchie grecque.

Elle a été enterrée dans la chapelle de la propriété Il Borro, dans la localité italienne d'Arezzo, détenue par son fils Amadeo.

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