S'il y a une machine à faire peur c'est parce qu'on a laissé faire les choses. À moins que la police et nos services secrets soient totalement incompétents, ils ne pouvaient pas ne pas savoir que ce groupe, les Mohawks, étaient en train de s'armer.
Donc, une poignée d'individus, armés jusqu'aux dents bloque une route principale et aucune force n'intervient pour arrêter ça. On ne peut pas regarder ça sans entrer dans le jeu des comparaisons.
J'ai assisté à deux blocages de route dans ma vie. Les deux ici à Cap-Chat, les deux avec le même fond de revendications que celui qui anime le blocage de la 117 actuellement. J'ai été impliqué dans les deux. Il ne s'est jamais passé rien qui soit dangereux pour la sécurité publique. Pourtant, dans les deux cas, l'anti-émeute est intervenu. Dans le premier cas, je me souviens encore de les voir descendre la côte avant le pont, en rangs serrés, tapant presque du pied. Ils voulaient nous impressionner. Pendant ce temps, des émissaires nous avertissaient qu'il valait mieux lever les barricades avant qu'ils n'atteignent le pont sinon il y aurait de la casse, du sang. Et vous savez, même si entre nous on se disait ne pas croire que ces gens-là nous fonceraient dessus pour si peu, nous savions au fond qu'ils le feraient. D'abord pour faire un exemple, ensuite parce qu'ils avaient la force de leur bord, nous n'avions aucune arme. Il y eut une "game" qui s'est jouée jusqu'à la dernière minute dans cette circonstance. Les policiers se doutaient que nous allions abandonné. Après tout, ne sommes-nous pas des québécois, des peureux, des lâcheux? Mais, ils étaient si près de nous, avant que nous ne prenions la décisions de lever les barricades qu'ils ont dû avoir un doute à un moment donné, j'en suis certain.
Maintenant, faisons la même chose aujourd'hui mais avec des armes. Pensez-vous qu'ils auront peur de nous? En deux temps trois mouvements, les hélicoptères, l'anti-émeute et, s'il le faut, l'armée, seront sur place et nous clouerons au sol avec force et violence. Nous n'aurons pas vraiment le temps de parlementer, de raconter que nous faisons cela parce que nous crevons de faim, parce que la détresse sociale est forte, parce qu'on nous vole toutes nos ressources, qu'on détourne les subventions, qu'on augmente les critères pour l'assurance-emploi et l'aide sociale, qu'on nous refuse tous nos projets et qu'il y a des cas de suicide directement et indirectement imputables à ces situations.
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